Adieu, idéal!
J’ai cru avoir trouvé un livre exquis
Ce livre je discerne, feuillette, récite
Mes nuits saturées, triomphantes, pleines d’ardeur
Mes jours en attente.
Helas, même qu’il serait mon idéal
Il cherche — et la mérite sans doute – une lecture plus apte
Je cède, alors, à quelq’un de plus digne
Je passe la main, je l’offre, à qui saurait mieux lire.
L’honneur en geste n’a jamais gagné aucune bataille
Mais reste — parfois — hors oubli
Cédant victoire j’espère, j’estime
Rester pour lui au moins un beau souvenir.
J’avoue bien — visage en larmes et âme en désarme
Même si mon avant-garde eut connu la perte
Là-bas, en arrière, on se bat encore — avec un tel ardeur
Que j’ai du mal à y envoyer l’héraut portant le nom vainqueur.
L’ayant aimé — au bout de perdre toute raison
Et penétré à fond par la splendeur des mots, des lettres
J’ignore ainsi si j’eusse perdu
Ma raison d’être, mes raisons ou bien mon être.